Vient de paraître
Le "Nouvel Homme Congolais", par Tshiunza Mbiye et Kä Mana, Editions Cerdaf, Kinshasa 2014
Préface de Denis Bosomi Limbaya
Recteur de l'Université Saint Augustin, Kinshasa
Le "Nouvel Homme Congolais", par Tshiunza Mbiye et Kä Mana, Editions Cerdaf, Kinshasa 2014
Préface de Denis Bosomi Limbaya
Recteur de l'Université Saint Augustin, Kinshasa
Une
révolution de la sagesse
Aujourd’hui,
la RD Congo est Confrontée à la tâche gigantesque de devenir ce qu’elle
représente dans le monde par son potentiel de ressources naturelles. Malgré ses problèmes, ses souffrances et ses
tragédies, elle est, si l’on peut dire, au tournant de son destin d’éventuelle
grande puissance parmi les nations. C’est le moment propice où elle a besoin
que ses meilleures intelligences et ses forces les plus vives lui disent ce que
toutes ses populations devraient savoir une bonne fois pour toutes.
Notamment que la croyance en un Congo
immensément riche est totalement stérile si n’émergent maintenant de Nouveaux Congolais capables de faire de
notre espace national un espace d’intelligence et de vitalité créatrice, avec
des valeurs nationales aux antipodes de ce que le monde entier pense et dit de l’homme
congolais actuel dans ses dimensions négatives : ses déficits, ses
incuries, ses dérives, ses incompétences et ses dévoiements.
Ce que
j’aime avant tout dans le dialogue que propose le présent livre entre
l’économiste Tshiunza Mbiye et le philosophe Kä Mana, c’est leur parti pris de
refuser un enfermement dans le discours négatif concernant la RDC. Ils se
concentrent sur l’essentiel : l’exigence de voir émerger dans notre pays
un nouvel homme congolais. C’est-à-dire des hommes et des femmes capables de
sortir notre patrie de sa crise économique et socioculturelle et de le transformer en un pays phare d’Afrique, en
une patrie humus pour tous ceux qui, aujourd’hui, croient en l’avenir du
continent africain.
J’aime aussi
la vision de l’Afrique et du Congo qui est proposée ici. Elle brille comme un
nouveau mythe de vie pour notre pays. Elle est une énergie de foi en un Congo
nouveau et elle gronde sans doute dans le cœur de chaque Congolaise et de
chaque Congolais aujourd’hui. Pour construire cette grande et forte vision de
l’avenir, Kä Mana et Tshiunza Mbiye désignent avec fermeté les conversions
indispensables à entreprendre, sur la base des atouts décisifs puisés dans « le tuf authentique de la riche
culture congolaise et des trésors moraux de toute l’histoire des peuples
africains comme peuples de la grande espérance humaine contre tous les pouvoirs
de domination, de destruction et de mort. »[1] Les
réserves de ce tuf d’authenticité de l’Afrique, l’imaginaire congolais en
regorge et tout ce livre les considère comme les fondements du futur. C’est à
les connaître, à les enseigner et à les offrir comme richesses éthiques et
spirituelles que se consacrent les auteurs, avec bonheur, dans des échanges
d’une remarquable intensité sur « l’homme
congolais, ses ambitions économiques, ses structures anthropologiques et ses
dynamiques socioculturelles. »[2]
J’aime
également la manière dont les débats économiques, sociaux, politiques et
culturels contemporains sont mis au service de l’émergence du nouvel homme
congolais. Ces débats enracinent cet homme dans les combats d’aujourd’hui, pour
une économie humaine, une politique humaine, une société humaine et une culture
d’humanité. Ce qui est offert à ce niveau, c’est le pouvoir de l’Afrique à être
présente dans l’invention du futur, avec le nouveau Congo comme cœur de
nouvelles ambitions éthiques du monde.
Enfin,
j’aime la sérénité du débat, sa consistance,
son souci des vérités profondes et son ouverture à ce que l’humanité ne devrait
jamais cesser de chercher : les valeurs qui ont fait d’elle ce qu’elle
est. L’Afrique est soucieuse de ces valeurs. Le Congo aussi. Ce sont ces
valeurs qui créeront le nouvel homme congolais et lui donneront une place de
choix dans les quêtes d’un autre monde possible, préoccupation centrale de la
société mondiale actuelle.
Faut-il dire
à ce niveau que le thème de l’homme nouveau doit être manié avec doigté,
attention et perspicacité dans la réflexion sur l’avenir ? Je le pense.
L’expérience a montré que partout où les révolutions ont voulu créer un homme
nouveau, des catastrophes ont surgi. Des expériences terribles de l’inhumain
ont vu le jour, comme dans les horribles mythologies et les monstrueuses
pratiques du nazisme, du stalinisme ou même du mobutisme.
La force du
dialogue entre Tshiunza Mbiye et Kä Mana, c’est de savoir tout cela et de ne
pas verser dans l’exaltation folle d’une révolution hasardeuse et violente. Elle
offre plutôt une révolution de la sagesse dans un monde qui en manque
cruellement. Ce monde a besoin qu’on lui rappelle ce qu’être humain veut dire
et surtout ce que l’avenir doit inventer pour que la vie soit vraiment une vie
humaine.
J’espère que
la voix de cette sagesse sera entendue dans notre pays et que le nouvel homme
congolais sera autant l’homme d’intelligence que l’homme de sagesse.
Denis Bonsomi
Recteur de l’université Saint Augustin à
Kinshasa
Un livre a saisir
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