La
guerre est-elle finie dans l’Est de la
République démocratique du Congo ?
Une
lecture des événements du mois de mars 2013
Par Kä
Mana
Pour un observateur attentif au drame de l’est de la
République démocratique du Congo, le mois de mars 2013
aura été le mois de toutes les surprises. Tout s’y est accéléré à une vitesse
tellement vertigineuse et selon des virages tellement inattendus que les clés
d’interprétation et les boussoles de compréhension de la situation se sont
affolées et brisées, laissant les chercheurs et les penseurs dans un désarroi
d’inconnaissance indicible.
Un imbroglio digne des polars les plus
noirs
Il m’a fallu beaucoup de temps pour saisir le sens de la
dislocation du M23 en deux factions antagonistes dont l’une fait aujourd’hui
figure d’être du bon côté de l’histoire pendant que l’autre s’enfonce dans le
trou noir du sort réservé aux vaincus.
J’ai
mis également du temps à comprendre les virages que les pourparlers de Kampala
prenaient soudainement en devenant des négociations futiles et erratiques. Des
échanges sans perspectives claires d’une paix des braves ni solutions de
sagesse pour une nouvelle vision du développement du pays.
De
même, les déflagrations militaires et l’action des milices sont allées dans
tous les sens. A Kiwanja par exemple, de nouveaux massacres se sont perpétrés
dans un contexte où se sont effondrées les grilles ethniques d’interprétation
habituelle du drame congolais. Du côté des FARDC comme du côté des milices
locales, on retrouvait les ressortissants des tribus différentes sans que les enjeux politiques du
problème ne soient non plus clairement perceptibles A Rutshuru, on a vu le M23
se retirer de la ville, remplacé par les FDLR puis par les FARDC avant que
celles-ci laissent de nouveau la place au M23, dans un jeu de chaise musicale
dont l’imbroglio a laissé pantois les meilleurs des analystes. On a entendu le
gouvernement de Kinshasa justifier cette danse macabre dont souffrent
atrocement les populations par l’exigence d’une realpolitiks pour pousser le M23 à s’auto-dissoudre et permettre à
une armée interafricaine neutre d’occuper l’espace laissé libre. Cela dans la
perspective d’anéantir les autres
milices pour une paix dont Kinshasa récolterait les dividendes avec allégresse
et jubilation. Pour tout brouiller encore, l’ennemi public numéro un du Congo,
recherché par le Tribunal pénal international depuis 2006 pour crimes de guerre
et crimes contre l’humanité, Bosco Ntaganda, s’est rendu aux Américains dans
leur Ambassade de Kigali avant d’être transféré à la Haye, dans des tintamarres
médiatiques dignes des plus grands événements du monde.
Alors que l’on se serait attendu à
l’application pure et simple du schéma de sortie de guerre élaborée à
Addis-Abeba sous l’égide de Baan-Kimoon et des Nations Unies, tout prenait des
chemins insoupçonnés dans des rencontres entre Chefs d’Etat de la région, sans
que les populations sachent vraiment ce qui se trame entre le Rwandais Kagamé,
l’Ougandais Museveni et le Congolais Kabila. Dans une diplomatie de l’ombre
d’où les peuples et leurs représentants sont majestueusement exclus, les
populations subissent le joug d’une politique opaque, comme si elles n’avaient
rien à dire ou à faire pour construire un ordre de paix dans la Région des
Grands Lacs. L’ostracisme ainsi imposé au peuple dans un débat qui concerne son
existence même complexifiait encore la situation dans l’est de la RDC et la
rendait opaque pour l’intelligence.
D’où
certaines questions incontournables : où en est-on dans la recherche des
solutions à la tragédie de la RDC ? Quelles sont les stratégies des
protagonistes de cette tragédie ?
Que peut-on attendre de toutes les rencontres visibles ou occultes et de
tous les accords clairs ou tacites qui rythment la vie des chercheurs de paix
au Congo ?
Bref :
en quoi réside la signification fondamentale d’une guerre qui, sous ses
diverses formes et dans ses diverses phases, a fait plus de six millions de
victimes, selon les estimations les plus pessimistes.
Quand un Français et un Chinois m’ouvrent
les yeux
Je me
posais affreusement toutes ces questions quand les lumières pour les comprendre
et les dénouer me vinrent de manière inattendue.
La
première lumière descendit sur moi au bord du fleuve Congo, à la tombée d’une
nuit chaude sur la ville de Boma, dans un vieux restaurant dont la vue donne
sur l’autre rive, en territoire angolais. Je lisais un livre d’un des penseurs
français les plus solides, les plus brillants, les plus féconds et les plus
rayonnants : Edgar Morin. Le livre a pour titre Introduction à une politique de l’homme. Entre deux gorgées
succulentes de la bière Nkoy dont j’avais pris soin de choisir la bouteille soft, moins alcoolisé, que l’on désigne par le nom de
« Nkoy yaMuasi » (pour la femme), bien différente de la bouteille hard, fortement plus alcoolisé, qui se nomme « Nkoy
yaMobali » (pour l’homme), mes yeux tombèrent sur la phrase suivante du
grand penseur français : « Il
faut garder le regard froid en toutes circonstances, mais en toutes
circonstances regarder vers les profondeurs et vers les horizons ».
Je
compris : c’est vers les profondeurs et vers les horizons qu’il fallait me
tourner pour dénouer l’écheveau des événements vertigineux dont j’étais témoins
en ce mois de mars 2013.
Les
profondeurs ? Il est bon d’entendre par là la zone où la réflexion se
confronte aux significations que l’on ne voit pas d’emblée quand on s’en tient
aux discours convenus des vulgates officielles des gouvernements ou aux rumeurs
de la radio trottoir. Saisie de cet espace, les événements montraient les
guerres de l’est de la RDC dans leurs caractéristiques que le mois de mars 2013
a manifesté dans leur acuité. Notamment :
-
La stupidité des conflagrations qui ont coûté
la vie à plus de six millions de morts, pour aboutir à des accords dont on se
demande s’il fallait leur sacrifier tant
de victimes et tant de souffrances. Seules des élites sans connaissance des
enjeux du développement dans le monde actuel ont pu faire durer une telle
absurdité sur deux décennies.
-
La superficialité des politiques menées dans la
région des Grands Lacs africains depuis de longues années. A force de ne
s’accrocher qu’aux intérêts de la conquête du pouvoir et de sa conservation le
plus longtemps possible, dans les archaïsmes des frontières issues de la
colonisation ou dans les arriérations liées à l’exaltation des idiosyncrasies
ethniques stériles ; à force de ne penser qu’aux ressources naturelles ou
à la politique du ventre et de la jouissance, on oublie toutes les exigences
incontournables d’une gouvernance efficace en contexte de mondialisation :
la démocratie participative, la constitution des espaces économiques et
politiques de grande envergure, l’intégration de ces espaces dans de grands
marchés et l’indispensable ouverture de tous les pays à la compétition planétaire.
-
L’insignifiance de toute culture du mépris, de
la haine ou de la destruction des autres dans des guerres qui ne peuvent
conduire à aucune victoire, tant elles n’ont aucun sens défendable, aucun
projet de plénitude de vie, aucun pouvoir créateur de nouvelles possibilités
d’être ou de nouvelles richesses d’existence.
En
fait, avec les événements de ce mois de mars 2013, il est devenu clair que la
guerre dans l’est de la RDC a été menée dans une crise anthropologique
profonde, par des hommes qui n’ont pu incarner ni la vraie grandeur de l’Homme,
ni la force de haute humanité, ni les énergies des utopies chargées d’avenir.
Nous avons vécu une guerre médiocre, dans l’imaginaire des médiocres, sans
aucune puissance de vision qui aurait pu faire passer l’Afrique d’une vie
centrée sur les petits intérêts de tous les jours à une existence élevée à la
hauteur de grandes visées de civilisation. Quand on lit attentivement les
accords qui ont été signés autour de la guerre, les pourparlers qui se sont
déroulés et les débats qui ont agité les esprits, on ne peut pas se départir du
sentiment que tout cela manque un peu de souffle, que tout cela manque de Sens,
que tout cela relève des absurdités petit-nègre dans un monde dont les
Africains des Grands Lacs ne comprennent ni le souffle ni le Sens.
C’est
en pensant aux significations des mots souffle et sens que je comprends ce que
le penseur français Edgar Morin désigne par le concept d’horizon. Il y a eu
dans l’histoire de l’humanité des guerres qui ont eu du souffle et du sens,
malgré leurs barbaries, leurs sauvageries, les prix des défaites ou des
victoires. Elles conduisaient quelque part et travaillaient les énergies
profondes d’enfantement de l’Histoire, dans le développement de l’Esprit, comme
aurait dit Hegel. Les révoltes des esclaves dans l’Empire romain comme
l’expansion même de l’Empire pour constituer un monde nouveau ; les
guerres anticoloniales et les mobilisations des énergies du mal par les
colonisateurs pour défendre leur règne ; les deux grandes guerres mondiales
et leur libération d’énormes énergies de puissance irriguée par la science et
la technique ; la longue marche de l’armée communiste en Chine et l’énorme
pouvoir de la victoire vietnamienne sur les Etats-Unis ; ces déflagrations
ont eu un sens parce qu’elles ont ouvert de nouvelles possibilités d’être qui
ont enrichi l’humanité. Ce sont ces nouvelles possibilités d’être que désigne
le mot horizon. Avec leurs richesses et leur limon. Avec leurs espérances et
leur intensité vitale.
En ce
mois de mars 2013, nous avons compris que la guerre dans l’est de la RDC n’a eu
rien d’une telle dimension d’ouverture d’horizon.
Pour
n’avoir été qu’un aventurisme qui ne mène nulle part , malgré l’agitation des
armées, des milices et des groupes de désastre, cette guerre a perdu tout
potentiel de sens et a explosé dans ses propres contradictions. Ce que nous
avons vu tout au long de ce mois de mars 2013, ce sont les spasmes d’un conflit
armé à l’agonie. L’agonie d’une guerre dont tout le monde découvre maintenant
qu’elle n’avait ni âme ni grand dessein.
Lorsque
cette certitude m’est venue à l’esprit à la lecture de Morin, je me suis mis à
chercher à faire le bilan de cette guerre que je considère comme maintenant
achevée dans son absurdité même.
C’est
à ce moment précis, dans un hôtel cossu de la ville de Kinshasa où je me
préparais à une émission télévisée sur le nouveau livre que notre Institut
interculturel dans la région des Grands Lacs (Pole Institute) était venu
baptiser et présenter dans la capitale, que j’eus sous mes yeux le premier
discours du nouveau président Chinois, Xi Jimping, sur le sol africain. Le
livre dont Pole Institute voulait promouvoir les thèses dans les milieux kinois
a pour titre : Gouvernance et
refondation de l’Etat en République démocratique du Congo. Il s’agit de
tout un programme pour une nouvelle politique au Congo. Quant au discours du
président chinois, j’y voyais pour ma part le manifeste pour le développement pacifique, une grande
utopie que la Chine propose à l’Afrique et au monde à partir de maintenant.
Du
double point de vue de la réimagination politique du Congo et de la
construction d’une logique globale du développement pacifique, le mois de mars
2013 m’apparaissait comme une accélération de l’histoire pour mettre en lumière
ces impératifs. Les accords et les pourparlers sur la guerre dans l’est de la
RDC et sur la situation globale du pays dévoilaient une double prise de
conscience.
D’abord
la conscience qu’il n’est dans l’intérêt de personne de continuer une guerre
qui détruit l’Etat congolais et fragilise l’ensemble de la région des Grands
dans ses espoirs de développement. Cette conscience s’est internationalisée à
vue d’œil et les protagonistes de la guerre de l’est ont dû comprendre que
leurs stratégies du désordre et du chaos faisaient justement désordre et chaos
dans un ordre mondial dont les intérêts refusent de plus en plus une telle
perspective. L’accord d’Addis-Abeba a clairement exprimé ce sens qui casse les
reins à l’accoutumance au désordre et au chaos pour de nouveaux horizons dans
les visées du monde entier sur le Congo. La guerre a cessé d’être une affaire
de nègres manipulés par les forces de petites mains des groupes d’intérêts
occultes en Occident pour devenir un enjeu vraiment mondial pour les grandes
puissances du monde. A ces puissances, la Chine propose un développement
pacifique qui exige une mise en ordre pacifique du Congo, dans une nouvelle
sagesse politique plus rentable que les carnages entre petits nègres
inconscients et déments.
Devant une telle utopie, le jeu se déroule
dans la cour des Grands, au-delà des intérêts de ceux qui avaient cru jusqu’ici
qu’ils en étaient les maîtres aux plans local, national ou régional, en Afrique
même. En prenant une ampleur mondiale, la guerre dans l’est du Congo a ainsi échappé
aux logiques des petits acteurs qui la faisaient jusqu’ici. Elle n’est plus
entre les mains du Congo, du Rwanda et de l’Ouganda, mais sous le chapiteau des
organisations internationales.
Ensuite,
on se rend compte maintenant que la guerre est devenue une guerre d’images
entre les protagonistes dans le monde et que les peuples du Congo, du Rwanda et
de l’Ouganda sont fatigués des carnages insensés dont le monde entier parle
avec une vigueur implacable dans des rapports tonitruants qui ne laissent personne
dans l’indifférence. Avec les yeux du monde entier braqués sur l’est de la RDC,
le gouvernement congolais se voit dans le miroir du monde et voit que son image
y est des plus minables et des plus exécrables. De même, le Rwanda constate que
son image mondiale se dégrade vertigineusement et que l’effet génocide a perdu
de sa charge mobilisatrice devant les six millions de victimes de la guerre de
l’est du Congo. L’Ouganda est logé à la même enseigne et ses marges de manœuvre
dans la manipulation de la conscience mondiale se sont rétrécies de manière
inquiétante. Continuer la guerre dans ces conditions serait un suicide
médiatique dont aucun des protagonistes ne peut se permettre le luxe. Le vrai
intérêt, c’est de changer de logique, par intérêt bien compris et par instinct
de conservation et de survie politiques.
Même
les grands trusts industriels et les grandes firmes commerciales d’Occident,
qui tiraient profit de la guerre dans l’est de la RDC, ont compris que les
temps ont changé, que l’air du temps n’est plus le même et que les
gouvernements des pays occidentaux constamment accusés de devenir des Etats
voyous en RDC ont changé de discours et se préparent à changer de politique,
dans la perspective d’une meilleure image mondiale et des intérêts bien compris.
En
lançant le brillant slogan du développement pacifique, la Chine prend
l’Occident de court et offre une utopie dont la région des Grands Lacs a
intérêt à s’approprier l’esprit et les méthodes. La guerre ne sera plus
désormais une recette à l’est du Congo. La recette sera éthique et son enjeu
sera la réussite médiatique. Tel est le nouveau contexte et il dominera
désormais l’avenir.
Le
Rwanda l’a compris : il a fait imploser le M23 et a livré Bosco Ntaganda
aux Américains, dans un génial coup de Jarnac politique et médiatique. Il peut
dès lors commencer son mandat à la tête du Conseil de sécurité avec une
virginité retrouvée, un hymen recousu qui attirera de nouveau l’aide
internationale dont le pays a besoin en ces temps difficiles de crise financière
mondiale. Ce n’est plus la guerre qui l’intéressera en RDC, mais la paix du
marché, l’ordre des intérêts commerciaux que seul garantit une éthique du
développement pacifique.
L’Ouganda
aussi a compris le nouvel air du temps : il veut réussir son rôle de
médiateur entre Congolais et de pacificateur de l’est de la RDC. Il a intérêt à le faire pour se débarrasser de
l’image de prédateur qui lui colle à la peau dans ses relations avec les
Congolais. Il lui faudra une nouvelle politique de coopération avec son grand
voisin sur des dossiers brûlants comme celui du pétrole du lac Albert. Sa
nouvelle virginité dans les relations mondiales dépend de cette nouvelle
orientation de séduction et de fascination. La guerre ne lui rapportera rien.
Seule la paix le fera et les dirigeants ougandais le savent.
Quant
à la RDC, elle a compris que le statut de petite victime qu’elle s’est donnée
pendant la guerre ne suffira plus pour réussir une politique de paix et de
développement pacifique. Il lui faut devenir un Etat sérieux, avec des
dirigeants sérieux, dans une gouvernance sérieuse et une substance politique
sérieuse de démocratie et de décentralisation. Le dialogue entre toutes les
forces vives de la nation, sans exclusion d’aucune sorte, est la condition pour
que le pays devienne crédible dans le concert mondial. Le pouvoir actuel de
Kinshasa l’a compris, même s’il n’a pas encore intériorisé toutes les exigences
d’un tel dialogue et qu’il le réduit à un petit jeu politico-politicien qui ne
mènera nulle part.
Au
fond, les horizons sont bons et l’avenir sera fertile, malgré les barouds
d’honneur de petites milices et des groupes armés qui n’ont pas encore vu
clairement où va le vent de l’histoire maintenant.
Changer les imaginaires, constituer les
nouvelles forces du sens
Il
faut maintenant oser dire ce dont il s’agit vraiment comme enjeu à la fin
de la guerre de l’est du Congo. Quelles sont les leçons à tirer de ces longues
années de souffrances insensées ?
La
première leçon est que les intérêts des peuples doivent désormais primer sur
les intérêts des dirigeants, surtout quand ces dirigeants ne comprennent pas
que la paix est plus vitale que la guerre. Il faut en conclure que dans la
région des Grands Lacs, la guerre dans toutes ses translations aura converti
les pouvoirs politiques au réalisme des intérêts populaires. On doit l’espérer,
surtout en ce moment où il devient évident que la politique de la guerre n’a
donné aucun résultat probant pour tous les protagonistes. Kabila, Kagamé et
Museveni ont vécu les périodes de guerre et ils en connaissent maintenant
l’inanité. Ils souhaiteront sans doute vivre un temps de paix et ils en
comprendront la fécondité dans le contexte mondial maintenant hostile à la
guerre du Congo. S’ils ont senti, au mois de mars 2013, le besoin de se rendre
à Oyo autour de Sassou Nguesso pour discuter de la situation de l’est de la RDC
et du destin des pays des Grands Lacs, c’est le signe qu’ils commencent à
comprendre vers où souffle le vent de l’avenir : le vent de la paix, le
temps du sérieux, la fin de tous les aventurismes. Je souhaite qu’ils se
convertissent à ce nouveau souffle et qu’ils changent d’imaginaire, maintenant
que la guerre est finie.
La deuxième leçon, c’est l’Occident dans ses forces
prédatrices et ses institutions de domination du monde qui devra la tirer. Le
temps des guerres commanditées pour semer le chaos est fini. Ces guerres
n’enrichiront plus vraiment leurs commanditaires dans le futur. Elles sont
archaïques et obsolètes, surtout quand la montée en puissance de la Chine offre
une nouvelle utopie aux peuples d’Afrique : l’utopie du développement
pacifique. Il appartient à l’Occident d’entrer dans cette utopie en changeant
d’imaginaire. Faute de quoi il perdra son hégémonie mondiale au profit des
puissances émergentes qui misent plus sur la paix que sur la guerre.
La
troisième leçon, il revient au peuple congolais de la tirer de son drame, de
ses souffrances et de ses tragédies. Au bout de son chemin de croix, il a su en
ce mois de mars 2013 quelle est sa place dans le monde selon la classification
des pays d’après les indices du développement humain. Cette place est la
dernière. Oui, la RDC est le dernier pays du monde dans les indices du
développement humain aujourd’hui. C’est dans cette tombe que la guerre l’a
enterrée et il n’y a plus d’autre issue que de mobiliser les énergies de
résurrection pour sortir de cette tombe. Il faut aux Congolaises et aux
Congolais un imaginaire de résurrection.
D’où
l’urgence de faire naître, de faire émerger et de faire resplendir de nouvelles
forces de mobilisation des populations pour un Sens nouveau à donner à la vie
en RDC et dans toute la région des Grands Lacs. Ces forces de l’éthique de la
résurrection ont à diffuser l’énergie d’un nouvel imaginaire et d’un nouveau
pouvoir créateur pour la paix.
Maintenant
que nous savons que la guerre ne nous a menés nulle part dans la région des
Grands Lacs, nous ne pouvons pas ne pas savoir que l’avenir n’a qu’un
nom : la paix.
C’est
là la signification fondamentale que nous devons donner â la guerre dans l’est
de la République démocratique du Congo, pour échapper au vertige de l’absurde.
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